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L’Okavango est un fleuve qui prend sa source en Angola central, avant de traverser la Namibie pour atteindre le Botswana. Il est le seul fleuve au monde à se jeter dans la terre, son cours s’achève par un vaste delta. C’est le plus vaste espace de protection des espèces sauvages du monde. Un territoire immense qui couvre cinq pays, l’Angola, la Zambie, le Zimbabwe, la Namibie et le Botswana et 36 réserves ont créés pour développer le tourisme tout en préservant les espèces animales vivant dans les bassins des fleuves Okavango et Zambèze ; Mais qui, hélas, sont la cible de braconniers. Un jour, c’est un cadavre humain qui est retrouvé dans une réserve privée, juste à côté. Une enquête démarre menée par la ranger locale. Le propriétaire de la réserve, un Afrikaner vétéran des guerres africaines, cherche aussi les responsables de cet assassinat. Rapidement, ils découvrent aussi que des animaux sont pourchassés, empoisonnés et mutilés. Les deux affaires sont-elles liées ? La concentration des animaux dans la réserve attire des trafiquants puissants et habiles pour qui les animaux, morts ou vivants mais plutôt morts, sont seulement une source de profit. Dans ses lieux vivent les peuples autochtones comme les Khoï, peuple pastoral et ces San, chasseurs-cueilleurs. Ces peuples vieux de 30 000 ans ont été longtemps discriminés et chassés par les colons néerlandais puis britanniques. Nous découvrons des personnages haut en couleur, avec de forts caractères. L’arrière-plan historico-contemporain est bien présent. Il est rappelé l’héritage de la colonisation et des guerres civiles, notamment en Angola qui dans le contexte de guerre froide a opposé les deux principaux mouvements de libération, l’un soutenu par les Etats-Unis et l’Afrique du Sud, l’autre par le bloc communiste. Un grand roman géopolitique, très documenté sur les usages et les coutumes locales, ponctué de dialogues exotiques pour défendre les animaux sauvages, les dialogues incisifs, la description des animaux d’une noblesse émouvante, parfois menaçants sont au service d’un récit sans pause, l'étude de la colonisation et des différentes guerres …

Une Crise — avec un grand C, événement historique oblige — a bousculé les États-Unis en plongeant le pays dans le chaos économique. Pendant cette période d’effondrement, la population survit tant bien que mal. Jusqu’à l’accession au pouvoir d’un nouveau gouvernement, nationaliste, qui met en place le PACT — Preserving American Culture and Traditions act. Ce dernier a tout d’une démarche autoritaire horriblement dystopique : pour préserver une prétendue culture américaine traditionnelle (comprendre : instaurer du racisme institutionnalisé), cette loi réduit les libertés, interdit les livres qui ne vont pas dans son sens, conduit à l’arrestation de toute voix discordante. Le PACT favorise aussi la dénonciation mutuelle pour tout comportement jugé anti-américain. Et puis des personnes disparaissent, des enfants aussi. Celeste Ng offre une dystopie réaliste mêlant une réflexion du monde que nous laisserons aux générations futures et une vision inquiétante du monde que nous pourrions connaître dans un avenir pas si lointain. De nombreux événements racontés se sont déjà produits ou sont à peine déguisés : références à l’esclavage, à la Grande dépression, à l'assimilation forcée d'enfants autochtones, racisme et discriminations anti-asiatiques durant la Deuxième guerre mondiale, à la pandémie COVID ou au maccarthysme, à la généralisation de la paranoïa et de la délation pendant la guerre froide. Ce roman est avant tout une méditation sur le pouvoir des livres et des mots dans un monde où règne la censure, où les livres, retirés des rayons, ne sont pas brûlés en autodafé mais réduit en pâte pour faire du papier toilette. La résistance s'organise autour des livres, avec la poésie en étendard. J’ai trouvé la première partie un peu longue, le personnage du père qui fait profil bas, mais qui n'hésite pas à frapper pour défendre son fils. Sa marge de manœuvre est faible, Bird, qui essaye de grandir dans cet univers qui l'a privé d'un de ses parents et qui prend conscience que les choses ne sont pas forcément aussi simples qu'on veut lui faire croire. Cependant, il faut la lire pour apprécier la deuxième partie. Mon intérêt s'est amoindri, un rendez-vous moins réussi que je ne l'espérais, mais un livre utile qui met en garde contre certains dangers qui ne sont pas si dystopiques. A B

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